La France a sa baguette, Paris sa Tour Eiffel et le rock a Johnny. Des symboles un peu partout en somme. Ce petit plus qui symbolise un pays, une catégorie, un groupe ou une mode. Le détail qui vous rappelle à ce que vous aimez, peu en importe le thème ou la passion. à Strasbourg, les supporters passés par plusieurs périodes de turbulence, passés près de la mort de leur club, revivent désormais et vibrent chaque week-end au son de la Ligue 1. Qui l’eût cru ? Pas grand monde. Autour et même sur le terrain. Le Racing a grandit à pas de géants, emmenant quelques joueurs dans sa progression. L’un d’entre eux crève l’écran cette saison. Dimitri Lienard.
Le travail pour obsession
» Lienard ? Un bon joueur de national. Mais pas plus « . L’une des phrases les plus étendues au soir de la montée en Ligue 2, synonyme de retour dans le monde professionnel. Des sceptiques, il en a eu. Beaucoup. (Trop…). Celui qui fut pourtant un maillon essentiel de l’ère Dugueperoux a souvent suscité le doute dans les esprits strasbourgeois. Lui qui venait de CFA semblait partir de (trop) loin pour pouvoir prétendre à une carrière professionnelle. Mais c’était mal connaître le bonhomme, sorte d’éponge à critiques capable de transformer celles-ci en énergie positive. Moins il était attendu, plus il étincelait !
Un pied gauche à potentiel mais pas assez précis ? Les dizaines heures de répétitions additionnées aux multiples conseils de coach « Dugué » vont s’avérer décisives et faire de lui le « Monsieur plus plus » sur coup de pied arrêté. Le danger est désormais présent à chaque coup franc, chaque corner que « Dim » s’apprête à tirer, Areola s’en souvient encore…
C’est bien là, la caractéristique la plus marquante du Belfortain, l’abnégation. Lui qui enchaînait les heures de travail aux heures d’entraînement sans sourciller, passant du chantier au terrain puis au rayon de supermarché. Dimitri n’est pas un surhomme mais il aurait pu jeter l’éponge dans un coin du vestiaire et privilégier la vie professionnelle au sport mais son état d’esprit et sa determination en ont décidé autrement… La suite nous la connaissons, FCM et Racing Club de Strasbourg avec un travail acharné et une progression constante. « Lienard ? Une belle saison en Ligue 2, mais pas le niveau Ligue 1… » Et hop, le réservoir à motivation s’est encore rempli !
La mutation en relayeur
Dimitri Lienard débarque du FCM flanqué d’une étiquette de joueur de couloir, poste qu’il occupe alors brillamment avec déjà quelques reins brisés à son actif à cette époque. Son pied gauche et sa capacité à déborder font mal, très mal. Mais plus le niveau s’élève, plus les défenses adverses suivent le mouvement. Celui qui déboulait le long de la ligne de touche semble s’essouffler et doit évoluer pour continuer sa progression. Là encore son coach de l’époque va jouer un rôle important. Jacky Duguépéroux semble avoir une réelle affection pour le gaucher et détecte en lui un axe de progression plutôt inattendu. De joueur de couloir, « Dim » va passer à milieu offensif, soutient de l’attaquant qu’est Jeremy Blayac. Et c’est peu dire que c’est une réussite ! Lienard s’éclate à ce poste, libre de ses mouvements, passeur de qualité et harceleur à la perte de balle, belle trouvaille ! Mais la mutation ne s’arrête pas là, car plus les matchs défilent, plus il s’avère bon récupérateur en même temps qu’animateur….un relayeur en puissance. Hasard ou coup de génie, toujours est-il que le système change et voilà Lienard encore un cran plus bas, véritable rampe de lancement et régulateur du jeu strasbourgeois. Ce que Duguépéroux a mis en place sera alors repris par Laurey, avec la patte qu’on lui connaît. Lienard a trouvé son poste, il a gagné en volume de jeu et est devenu un maillon essentiel pour son équipe.
Destins liés
Dimitri Lienard ne fait finalement que suivre la courbe de son club. Tout comme lui il est parti de loin, et tout comme lui, il a évolué et passé des paliers, a une vitesse qu’on ne soupçonnait pas. Tout comme le Racing, il s’est amélioré et est monté en puissance à chaque sortie, repoussant ses limites et se fixant chaque année un objectif supplémentaire. Un peu fou d’ailleurs. De bon joueur de CFA, il est passé à révélation de national. D’outsider en national, il est passé en « bonne surprise » de Ligue 2. Et de probable remplaçant en Ligue 1, il devenu joueur du mois. Pas de limites, pas de craintes. Juste de l’envie et de la détermination. Il est un peu comme son club, il est là où personne ne l’attendait. Et comme son club, il est l’un des seuls à n’en avoir jamais douté.
On a tous quelque chose de Dimitri !
Le supporter l’adore et Lienard le lui rend bien. Parce qu’il a ces atouts et traits de caractère qui font de lui l’un des nôtres. Lienard est un gars comme ceux qui viennent supporter le racing. Non pas que ses coéquipiers soient différents, quoique. Le public de la Meinau s’identifie à lui parce le bonhomme vient du coin, juste à côté. Parce qu’il est d’une simplicité peu commune. évidemment que tous les joueurs de Laurey sont accessibles et proches des supporters mais Dim à ce truc en plus qu’on ne saurait expliquer. Venu du monde amateur, c’est vous ou moi, lui qu’on croise à la caisse du supermarché ou qui fait le plein de sa voiture dans la station essence du quartier. La fraîcheur incarnée.
Alors où va-t-il s’arrêter ? Le plus haut possible évidemment…